La Pagode de Chanteloup

En 1761, le duc de Choiseul, alors premier ministre de Louis XV, achète le domaine de Chanteloup, peu après avoir été nommé gouverneur de Touraine. Dès 1765, il fait augmenter et mettre au goût du jour le château et agrandir les jardins. Tombé en disgrâce, il est exilé de Paris en décembre 1770 et se fixe à Chanteloup, dont il parachève la rénovation. Il y tient une brillante assemblée, passant pour rivale de Versailles.

La « Folie du duc de Choiseul » ou « Monument dédié à l’Amitié » fut construite par le duc en 1775, après son exil de la cour du roi Louis XV, en hommage à tous ses amis qui lui avaient témoigné leur fidélité.

Très élancée, due à l’architecte Louis-Denis Le Camus, la Pagode de Chanteloup s’inspire de la pagode chinoise de Kew Gardens, dessinée par le grand William Chambers. Le Camus dessine également un petit jardin anglo-chinois, situé sous la pagode dans le carré nord-est, avec kiosque, rivière, petite pièce d’eau et glacière. Par ailleurs, le jardinier écossais Mac Master, de l’entourage de Thomas Blaikie, intervient également sur le domaine.

Célèbre pour sa beauté et la surprise qu’il provoque sur le site, ce monument de 44 mètres de haut, est supporté par un péristyle de 16 colonnes et 16 piliers. Chacun des 7 étages est construit en coupole.

Chaque coupole est coupée par un escalier exigu et incliné qui monte jusqu’au sommet.

Cet escalier est en bois d’acajou, à l’exception de celui du 1er étage qui est de pierre et gardé par une rampe en fer forgé, ornée de bronzes dorés en double C entrelacés, aux initiales de Choiseul et de Crozat, son épouse.

Elle offre de son sommet un panorama grandiose sur la forêt d’Amboise et la Vallée de la Loire, et servait à l’époque de belvédère de chasse.

Le Chateau de Chanteloup

Le Château fut construit en 1713 par Jean d’Aubigny pour la Princesse des Ursins.

Le domaine fut acheté par le duc de Choiseul, en 1761.

Le duc chargea le célèbre architecte Le Camus d’embellir et d’agrandir cet édifice.

Son exil terminé à l’avènement de Louis XVI, Choiseul meurt en 1785 et son domaine et vendu au duc de Penthièvre.

En 1802, le château fut acquis par Chaptal, remarquable ministre de Napoléon 1er et grand savant, créateur de procédés chimiques.

C’est à Chanteloup qu’il mit au point la culture de la betterave, l’extraction et le raffinage du sucre, dotant notre pays d’une richesse nouvelle de première importance. En 1823, Chaptal dut se défaire de Chanteloup.

Tandis que le duc d’Orléans, futur roi Louis-Philippe, achetait la Pagode pour la joindre à la forêt qu’il venait d’acquérir, le château tomba aux mains de ces marchands de biens tristement connus sous le nom de « La Bande Noire ». Le mobilier fut vendu, le château démoli et les jardins lotis.

Aujourd’hui, de la fastueuse demeure princière ne subsistent que :

• La Pagode

• La Grande pièce d’eau en demi-lune, prolongée d’un grand canal, avec sa grande perspective en patte d’oie,

• Le Petit Pavillon du Concierge dans lequel se trouve une exposition iconographique permanente retraçant l’histoire du château et de ses jardins,

• Les deux charmants pavillons, du plus pur style Louis XVI, situés du côté d’Amboise, et qui marquaient, à l’époque, par « la Grille Dorée », l’entrée du domaine.

Les jardins de Chanteloup

Les jardins de Chanteloup, qui étaient très importants – ils n’en couvraient pas moins de 4 000 hectares – ont été crées tout au long du XVIII° siècle.

Ils ont été débutés, en 1710, par Jean d’Aubigny. Ce jardin développe alors un schéma formel très classique : un potager, un jardin “à la française” autour du château et un jardin boisé fait de bosquets et de charmilles au tracé régulier.

En 1761, le duc de Choiseul, commande à son architecte Louis-Denis Le Camus, de splendides embellissements.

Comme à Versailles, il y avait :

• Le « Petit Parc », au tracé régulier, entourant le château avec des jardins fleuris et des eaux magnifiques.
• Le « Grand Parc » s’enfonçant dans la forêt avec des carrefours, des étoiles et de longues avenues droites.

Sans tarder, Choiseul fit rehausser les jardins à l’unisson du palais. Il conçoit un plan grandiose, divisé en deux étapes :

• C’est par le « Grand Parc » qu’il commence ses transformations, en ouvrant sept larges avenues jardinées venant converger en un point central – où sera édifiée plus tard, la Pagode.
• Il aménage ensuite les jardins du « Petit Parc »  s’étendant sur plus de cent hectares, selon le dessin de Jean d’Aubigny, selon un plan qui nous est resté.

Pour alimenter les nombreux « jeux d’eau », Choiseul entreprit des travaux considérables pour faire remonter l’eau en abondance.

Plus tard, il fit creuser, sur le point le plus haut du site de Chanteloup, une pièce d’eau en demi-lune. Pour alimenter celle-ci, il n’hésita pas à la relier aux Etangs de Jumeaux situés dans la forêt à plus de 12 Kms à vol d’oiseau, avec un dénivelé de seulement 6 mètres, par un canal traversant un vallon par un siphon de plomb ! Vers 1770, Choiseul entreprend de prolonger cette pièce d’eau par un Grand Canal, long de six cents mètres et large de cent.

Au nord du jardin boisé, il fit aménager un charmant petit jardin rectangulaire, appelé « Jardin des orangers ». Choiseul transforma plus tard le jardin boisé en jardin pittoresque, dans le style appelé « anglo-chinois », où serpentait une rivière dont les eaux se déversaient d’une hauteur de quatre mètres par un gracieux nymphée alimentant le rond d’eau central du Jardin des orangers.

Cédant au goût de l’époque pour la Chine, rejetant la rigueur de la symétrie aristocratique du jardin français, Choiseul commanda à Le Camus la refonte des jardins de Chanteloup. S’inspirant des jardins anglo-chinois, Le Camus bouleverse le jardin boisé : les bassins rectilignes sont détruits et remplacés par une rivière aux méandres fantaisistes serpentant à travers rocailles, ponts, cascades jusqu’à s’épuiser dans un nymphée. Les lignes droites des allées sont remplacées par des sentiers sinueux cheminant parmi fabriques, glacière et kiosque.

Prisonnier malgré tout de l’esthétique du siècle régnant, Choiseul hésite cependant entre le « naturel » du jardin anglo-chinois et la rigueur du jardin français. C’est ainsi qu’il conclut la fantaisie du jardin en faisant édifier au centre d’une perspective du plus grand classicisme, une chinoiserie (la Pagode) que le Camus construisit dans le plus pur style Louis XVI.

Les jardins furent dévastés pendant la Révolution.
Subsistent aujourd’hui :

• La Pièce d’Eau en demi-lune, prolongée par le Grand Canal bordé de platanes, qui devenu marécage a été transformé en boulingrin.

• Les allées forestières de ce parc de 14 ha et la grande perspective des sept allées en patte d’oie.